Dans ses Cahiers pour une morale, Jean-Paul Sartre affirme que « la violence apparaît dans le monde comme pure possibilité dès que l’homme surgit », car elle est un certain « type de rapport à l’autre ».Effectivement, la violence est potentiellement inscrite en tout un chacun, et elle s’exerce aussi bien dans la sphère privée que dans la sphère publique. Elle est donc à la croisée des questions de l’anthropologie et de celles la politique. Or la violence est un phénomène non seulement protéiforme (il existe des formes patentes et des formes larvées de violence), mais aussi bifide (si l’exercice de la violence vise le plus souvent à posséder, à dominer, ou même à détruire, il existe aussi des mises en œuvre de la violence qui visent à libérer les opprimés de leurs chaînes ou à réparer des injustices flagrantes).C’est à l’analyse de ce caractère à la fois protéiforme et bifide des manifestations de violence que je consacrerai la première séance de ce cycle, en m’appuyant sur les analyses de Th. Hobbes, de S. Freud, et de W. Benjamin.