Cycle 4 - Cycle annuel thématique

Les grandes idéologies du 19ème et du 20ème siècles ont souvent mal compris la notion de progrès, elles l’ont idéalisé et l’ont transformé en utopie naïve. Leur chute à la fin du 20ème siècle a entraîné la dévalorisation de l’idée de progrès dans les mouvements dits “post-modernes”. Pourtant, ce n’est pas parce que la notion de progrès a été parfois mal pensée qu’elle est infondée et qu’il faut la rejeter. Un certain nombre de problèmes de notre époque viennent peut-être de ces conceptions erronées en matière de progrès et du rejet de l’idée de progrès. Il faut donc réhabiliter le progrès, c'est une condition indispensable pour que des progrès puissent être réalisés.

Conférence par Eric Lowen - À la différence des autres animaux, l’expérience humaine du monde est largement tributaire ce ce que nous pensons du monde, de nos connaissances et de nos ignorances, de nos peurs et de nos croyances, de notre lucidité ou de nos illusions. Nos capacités d’illusionnement sur le monde sont d’ailleurs le point de départ de notre rapport au Cosmos. De ce fait, une part importante de la démarche philosophique va consister à tenter de comprendre plus lucidement et plus objectivement le monde et rechercher à vivre de manière philosophique notre expérience du monde. C’est l’approche philosophique du monde, ou Cosmosophia.

Conférence par Eric Lowen - Dans sa manière de penser le monde, l’Être humain est régulièrement amené à penser certaines choses comme des mystères, notamment celles qu’il ne comprend pas. Cette notion de mystère est centrale dans les interprétations du monde des religions, d’inspirations métaphysiques et surnaturalistes. Cette propension à croire qu’il y a des mystères, ou mystérialisme, pose une interprétation illusoire et déformante du monde, anthropocentrique et subjectivisée. Ce que nous ne connaissons pas, ce que nous ignorons, n’est pas mystérieux mais seulement inconnu. Dans le monde, il n’y a pas de mystères, seulement des choses qui nous sont inconnues. Cette conférence analysera les problèmes posés par le mystérialisme.

Conférence par Eric Lowen - Cette expression désigne une thèse finaliste relative à la cosmologie actuelle introduite par R. H. Dicke dans les années 1960, qui postule que certaines propriétés observées de l'Univers sont “réglées” afin que la vie apparaisse, avec l'intention initiale de la vie et de l'intelligence. Sous couvert de cosmologie, n'est-ce pas le retour discret d'un finalisme anthropologique qui plaît énormément aux créationnistes ? Cette réfutation du principe anthropique, qu'on pourrait tout autant appeler le principe de l'ornithorynque, permettra aussi d'expliquer la raison de cette apparence du réglage de l’Univers.

Conférence par Eric Lowen - La psyché humaine tend naturellement à évaluer le monde selon des critères humains, dont l’élément de mesure est l’Être Humain lui-même. Dans nos représentations du monde, nous privilégions inconsciemment un monde à échelle humaine, que l’on peut mesurer et appréhender selon des perspectives humaines, anthropomorphiques et anthropocentriques. Or, le progrès des connaissances nous a dévoilé une réalité radicalement autre : la démesure du monde et l’insignifiance de l’Être Humain. Démesure aussi sur le plan qualitatif par l’absence de sens et de finalisme des choses. Cette conférence portera sur les éléments de cette démesure du monde et ses conséquences dans nos relations au monde, le vivant et nous-mêmes.

Conférence par Eric Lowen - Une erreur courante de l’Être humain est de projeter son besoin de sens sur les choses et le monde. En tant qu’être de sens, nous appréhendons le monde comme si les choses, les événements et le monde relevaient d’une intentionnalité supérieure, justificatrice des choses. Comme si les choses et le monde avaient un « Pourquoi ». Mais les grandes révolutions scientifiques nous ont permis de comprendre que le monde était absurde, qu’il n’y a aucune intentionnalité dans le cours des choses naturelles. La contingence et le hasard tissent le cours des événements du monde.

Conférence par Eric Lowen - Dans sa manière de penser le monde, l’Homo sapiens a une tendance tenace à penser l’ordre des choses comme un ordre moral. Si cela est cohérent dans le cadre des croyances des religions, ces visions morales se prolongent bien au-delà des adhésions religieuses classiques, par exemples dans les représentations de la Nature ou dans l’idée de l’ordre social. Or, une des conséquences des grandes révolutions scientifiques a été de dévoiler l’amoralité du réel, l’ordre naturel n’étant en fait ni de nature morale ni même un “ordre”. Cette conférence présentera cette notion d’amoralité du monde et envisagera ses conséquences, sur le plan de nos rapports avec la “nature”, le monde, le fait social et l’idée même d’éthique.

Conférence par Eric Lowen - Parmi nos nombreuses illusions sur le monde et la nature, il y a celle sur le fait que les choses seraient « bien faites », que le monde ou la nature seraient bienveillant. Cette illusion cache pourtant une réalité bien différente : c’est l’absolue inhumanité du monde, l’absolue dureté du monde. Le monde n’est pas plus bienveillant que la Nature n’est une « mère nature ». La réalité est implacable, sans concession, le monde ne tient compte ni de la vie, ni de la souffrance, ni de la mort.

Conférence par Eric Lowen - Le monde, le Cosmos, s’impose à nous comme réalité extérieure, objective et indépendante de nous. Plus précisément, il s’agit toujours d’une expérience du monde qui est éprouvée corporellement et sensoriellement, et non d’un accès « au monde » comme tel. Cela est inhérent à tout être vivant. Qu’implique cette notion d’expérience du monde ? Suffit-elle à faire connaissance du monde ? Qu’indique-t-elle sur le monde et sur nous ? Est-elle subie ou peut-on en être acteur ?

Conférence par Eric Lowen - Le point de départ de l’expérience du monde est toujours l’ignorance, la subjectivité, l’incompréhension, l’anthropie, l’illusion… Cette situation peut être confortable et rassurante par bien des aspects, surtout quand elle est portée par les croyances culturelles et les religions. La question est de savoir si nous nous contenterons de cette situation de repli ou si nous nous lancerons dans l’aventure, toujours ardue, toujours incertaine, de l’éveil à la réalité du monde. Est-ce que nous oserons aller au-delà des apparences superficielles, des réponses confortables, de nos convictions intuitives, de nos anthropomorphismes, de nos biais anthropocentriques ? C’est par cet effort philosophique pour repousser les limites de nos ignorances, que le monde se dévoile, se révèle à nous. C’est une dimension constitutive et centrale de la philosophie.

Conférence par Eric Lowen - Le changement radical intervenu dans notre compréhension de l’Univers depuis le début du 20ème siècle grâce aux progrès scientifiques accumulés depuis quatre siècles, est tel que nous pouvons dire que nous vivons désormais dans un “autre” univers. Ce changement a souvent été interprété comme un désenchantement du monde. Or, loin d’être absurde et “désenchanté”, l’univers se révèle infiniment plus enchanteur qu’on ne le pensait mais de manière totalement inverse aux enchantements traditionnels des religions : désormais, c’est le visible et la matière, la rationalité et la connaissance, la nature et l’évolution autocréatrice du monde qui sont porteurs de la beauté, de l'émerveillement, de la symphonie du monde et de l’extraordinaire aventure du vivant.

Conférence par Eric Lowen - Grâce aux progrès scientifiques accumulés depuis le 17ème siècle, les anciennes conceptions des cosmogonies religieuses se sont effondrées. Dans ce vaste processus de “désenchantement” apparent du monde, où l’Humanité n’est plus ni le centre, ni la finalité, ni une espèce privilégiée, quelles relations envisager entre le Cosmos et l’Être humain ? Quelle est notre participation au monde ? Et si la chute de nos illusions nous permettait de nous rapprocher de la réalité et de fonder une relation plus lucide, plus enrichissante avec le monde ?