Cycle 4 - Cycle annuel thématique

Conférence par Éric Lowen : La philosophie est souvent confondue avec la théorétique, le développement de théories explicatives sur les choses, les faits ou les activités humaines. En raison de cette confusion, le mot « philosophie » est ainsi pris pour le système théorique de telle ou telle chose, on parle ainsi de « philosophie des sciences », de la « philosophie de la religion », de la « philosophie d’une entreprise » ou encore pour justifier ses propres actes on pourra dire « c’est ma philosophie »… Or, tous ces emplois du mot « philosophie » n’ont rien à voir avec la philosophie. Tout cela contribue à donner une image erronée de la philosophie et des philosophies, qui détourne de la philosophie véritable.

Conférence par Éric Lowen : Gilles Deleuze, dans Qu’est-ce que la philosophie ? (1991), définit la philosophie comme « la discipline qui consiste à créer des concepts », à « créer des concepts toujours nouveaux ». Malheureusement, si cela est joliment et puissamment dit, c’est une vision caricaturale et erronée de la philosophie. Tout au plus cela correspond à la description de la propre œuvre intellectuelle de Deleuze. Cette sorte de « conceptualisme » que prône Deleuze n’a pas de rapport avec la philosophie, qui n’a nullement le monopole de l’élaboration de nouveaux concepts et dont la finalité n’est pas le fait de créer des concepts.

Conférence par Éric Lowen : L’histoire de la philosophie s’est focalisée, en raison même de son principe, sur les penseurs théoriciens, qui ont produit des systèmes du monde, des théories expliquant prétendument le monde dans sa totalité : Platon, Aristote, Spinoza, Hegel, Marx, Heidegger et bien d’autres. Sauf que tout système du monde n’est pas philosophique pour autant : les religions sont des systèmes du monde, de même que les idéologies… Cette erreur est d’autant plus préjudiciable à la philosophie que la finalité et la nature de la philosophie n’est pas de produire un système du monde, et bien des philosophes n’ont pas élaboré de système du monde, Socrate le premier. On peut considérer qu’aujourd’hui, dans le cadre de la modernité philosophique, la philosophie doit absolument éviter de tomber dans ce piège séducteur des systèmes du monde, sous peine de ne plus être une philosophie.